Chantier de traduction : autour de H. Heine

Adam Premier

Tu as envoyé, munis d’épée de feu,
Le gendarme céleste,
Et tu me chasses du Paradis,
Sans respect du droit, sans pitié !

Je déménage avec ma femme
Pour d’autres contrées terrestres,
Mais que j’aie goûté au fruit de la connaissance,
Tu n’y peux rien changer.

Tu ne peux rien changer au fait que je sais
Combien tu es petit et nul,
Et combien tu te rends important
En agitant la mort et le tonnerre.

Dieu ! Combien est infâme ce
Consilium-abeundi !
Et on appelle cela un Magnificus
Du monde, un Lumen-Mundi !

Jamais ne me manqueront
Les paradisiaques espaces ;
Ce n’était pas un paradis :
On y trouvait des arbres interdits.

Je veux un plein droit de liberté !
Si j’y trouve la moindre limite,
Mon paradis se transforme
En enfer et en prison..

Traduit par Claire Placial

Adam der Erste

Du schicktest mit dem Flammenschwert
Den himmlischen Gendarmen,
Und jagst mich aus dem Paradies,
Ganz ohne Recht und Erbarmen!

Ich ziehe fort mit meiner Frau
Nach andren Erdenländern;
doch daß ich genossen des Wissens Frucht,
Das kannst du nicht mehr ändern.

Du kannst nicht ändern, daß ich weiß
Wie sehr du klein und nichtig,
Und machst du dich auch noch so sehr
Durch Tod und Donnern wichtig.

O Gott! wie erbärmlich ist doch dies
Consilium-abeundi!
Das nenne ich einen Magnifikus
Der Welt, ein Lumen-Mundi!

Vermissen werde ich nimmermehr
Die paradiesischen Räume;
Das war kein wahres Paradies –
Es gab dort verbotene Bäume.

Ich will mein volles Freiheitsrecht!
Find ich die g’ringste Beschränknis,
Verwandelt sich mir das Paradies
In Hölle und Gefängnis.